ARDECO DE COVALU

Invité

[J'adore ce genre de séances je suis désolée ^^]

Kacey avait décidé ce matin de sortir Ardéco en liberté et de faire avec elle une séance de consentement. Elle était encore sous l'effet de la précédente entrevue et désirait plus que tout au monde repartir sur de bonnes bases avec cette jument. Elle était donc allée la chercher dans son box, se forçant à effectuer tous ces gestes faits avec Suldy, toutes ces carresses, tous ces baisers, toutes ces paroles. *Réapprendre à aimer comme on a appris à marcher, on tombe, on se fait mal mais un jour on marche*. Elles étaient désormais devant la porte du rond de longe et Ardéco ne quittait pas des yeux sa cavalière. Une fois entées Kacey retira le licol et posa sa chambrière par terre.

_Va, fit elle en levant les bras.

La jument la regarda interloquée, puis se balançait sur ses membres, hésitait manisfestement sur la conduite à adopter.*Que me veut donc cette gamine* semblait elle penser. Kacey releva une nouvelle fois les bras, sans méchanceté, sans haine, sans brusquerie, juste en les balaçant au dessus de sa tête, juste pour montrer à Ardéco qu'il ne fallait pas rester statique. Ardéco se déplaça, par à cause de Kacey, juste parce qu'elle n'aimait pas rester sur place. Kacey la regarda un peu marcher avant de commencer quoique ce soit. D'un oeil extérieur on voyait ceci : une jeune blonde, mince, immobile telle une poupée de cire, observant une jument qui l'observait. Ardéco avait les allures des chevaux en liberté, pas stréssée, pas inquiète, on l'avait mise là et l'humaine responsable restait là, comme un piquet, à la regarder. Bon, et alors ? Kacey avait cependant des lueurs dans les yeux, des humeurs sombres qui passait et repassait. Droite, stoïque, elle était perdue dans les tréfonds de ses pensées.

*Suldy, repétait son esprit inlassablement. Mon cher et tendre patapouf, ce n'est pas te trahir que de vouloir continuer de monter n'est ce pas ? Ce n'est pas t'oublier que de vouloir monter un cheval sans que tu n'envahisse mes pensées. Si ?*

Respirant un grand coup, le coeur battant à cent à l'heure, Kacey se baissa et attrappa sa chambrière. Elle savait ce qu'elle avait à faire, elle le savait si bien. Pourtant il y avait ce doute, elle l'avait toujours eu, qui peut être sûr face à un cheval, pourtant aujourd'hui elle avait peur, peur peut être de se rapprocher d'une autre plus belle conquête de l'homme, peur de tuer une nouvelle fois ce gros Suldy. Pourtant au fond d'elle il y avait cette flamme, ce feu qui pousse toujours à avancer, qui pousse et semble vouloir dire "Vas y", ce vent dans le dos qui malgré la pluie vous oblige à avancer, même de coté, même en rampant. Et c'est bien en rampant que la demoiselle Jaylon avançait en cette fin de journée. Les yeux rivés à Ardéco qui cherchait sur le sol une bride de brin d'herbe, de quoi passer le temps. Le temps. Avec le temps tout s'efface dit on, mais on ne peut pas effacer des heures, des journées au soleil à regarder brouter au loin un gros et imposant cheval, ses heures à rester à le veiller lorsqu'il n'allait pas bien. *Il n'a jamais eu la santé celui là*. Personne ne peut effacer de telles choses. et de toute façon Kacey le voulait-elle ? Au fond d'elle même elle savait que tout est toujours utile. *Ce sont les épreuves qui font les hommes.* *C'est notre passé qui fait notre présent, le renier, l'oublier c'est s'oublier soi-même* Kacey releva la tête, le soleil jouait à cache cache avec les nuages et parfois des rayons venaient chatouiller la robe d'Ardéco qui, impassible, marchait toujours en rond perdue un peu mai ssurtout ennuyée. *Il n'y a rien à faire dans un tel endroit.*. La jeune blonde sourit dans le vide comme pour se donner du courage à elle même. Elle attrapa la chambrière par terre, et se releva, droite, la tête haute.*Il s'agit de lui faire peur, telle une mère avec son poulain, je dois devenir un ennemi, elle doit se soumettre pour m'arrêter*

_Allez !

Avec une intonation forte elle accompagna son geste, elle avait levée la chambrière qui claqua dans les airs. Ardéco qui était en état d'endormissement jusqu'à présent releva la tête nerveusement, ses muscles d'étaient tendus et on pouvait les voir se contracter sous sa robe. Les oreilles couchées elle regardait autour d'elle. Jamais elle n'avait posée les yeux sur Kacey. Comment, en effet, un tel bruit aurait-il pû venir de cette frêle gamine à la voix tremblante. Sans parler, sans bouger autre chose que ses bras, Mlle Jaylon releva la chambrière et son autre bras, elle claqua dans l'air. Cette fois-ci Ardéco avait vu d'oû venait le coup, qui tenait cette chose ressemblant à une cravache géante. Les oreilles couchées, la jeune jument au caractère doux, fit mine de se cabrer mais piaffa seulement sur place.

*Bon sang, mais avance, fais quelque chose, pourquoi tu me regarde comme ça*

Les nerfs en pelote Kacey avait les larmes faciles aujourd'hui et les réactions inatendue de la jument la contrariait. Elle releva une nouvelle les bras mais s'avança en même temps au niveau de la croupe de la jument pour former derrière elle un danger, il fallait alors à Ardéco d'avancer pour l'éviter. Trottant simplement dans le sens inverse Ardéco montrait des signes de plus en plus visibles de son énervement, elle ne comprenait pas pourquoi la cavalière faisait ceci. les oreilles couchée, les muslces tendus, les yeux exorbités la jument agitait nerveusement la tête, frappant le sol du sabot.

*Pourquoi t'avance pas ? Si t'avance pas je fais quoi moi ? Ca devait pas ce passer comme ça, tu dois m'écouter, sinon je vais tout cacher*

A cette idée le visage de la jeune fille changea plusieurs fois, entre désespoirs, abattement et haine farouche. Haine, mais contre quoi ? Kacey avait devant elle une jument trop gentille, si elle ne parvenait pas à lui faire comprendre l'exercice elle avait perdu, non seulement la jument n'allait la supporter mais elle allait aussi avoir peur des hommes.

*Qu'est-ce que j'ai fait*

Désormais, elle tremblait, de son corps, de tout ses membres. Un instant, dans le mouvement de tête d'Ardéco elle crut le voir.

_Suldy !

La fin du mot resta pris dans sa gorge, son nez se rosissait mais pas une larme. *Non je vais réussir, je ne veux pas la perdre non plus* Ele leva les bras, agita sa chambrière et courru vers la jument. La chassant litéralement devant elle. Ardéco comença alors à trotter donnant des coups de cul et renaclant la tête secouée. Kacey courru vers le milieu et continua de faire claquer sa chambrière au dessus du sol, tout près de la jument, seul moyen pour qu'elle avance. Ardéco montrait là tous les signes de la peur, de l'incompréhension, la tête haute, l'encolure bombée, les crins au vent, avec ses yeux sortant de sa tête, la bave blanche s'écoulant de sa bouche et retombant sur son poitrail, ses muscles sailants elle ressemblait à une furie, à un cheval de rodéo. Kacey malgré un calme et une détermination apparante etait morte de peur.

*J'avance à l'aveuglette, bon sang, à l'aide à l'aide*

Elle ne faisait en fait que reproduire ce qu'on lui avait appris, ce qu'elle avait vu, mais jamais elle n'avait vu de chevaux qui resistent... La jument, dans un coup de cul impressionant, la croupe au dessus de la ligne du dos, était partit au galop. Un galop désuni, mal placé. Dans sa précipitation elle glissa, manquant de tomber.

*Mince mince*

Kacey aurait dû être calme, mais tout son corps hurlait sa peur, elle sentait la peur, elle ne tremblait plus mais de grosses gouttes de sueur coulaient sur son front, son visage s'était figé dans une grimace indéfinissable. Elle continua cependant de faire claquer sa chambrière. A plusieurs reprises Ardéco avait voulu s'arrêter, tourner, et même foncer vers Kacey mai sla jeune fille se faisiat maître par sa chambrière changée pour le moment en un monstrueux instrument de terreur et en un puissant fouet qui menaçait à chaque intant la croupe de la jument sans jamais l'atteindre. Le soleil s'était alors définitivement caché dans les nuages comme si lui aussi avait décidé de ne pas voir la scène. C'était en effet assez effrayant, cette puissante qui galopait à perdre souffle autour de cette petite femme qui parraissait alors être devenue une enfant pas plus haute que trois pommes mises les unes sur les autres. Tant d'énergie se dégageait là. Mais ce n'était pas Ardéco qui galopait là autour de Kacey c'était le fantôme de Suldy, ces peines, ces souvenirs horribles, ces cauchemars en pleines nuits, ces reveils pleins de larmes alors que le soleil dormait encore, c'était tout cela qui galopait autour de la jeune fille sans s'arrêter.

*J'ai la tête qui tourne, j'ai peur. Oui j'ai peur, j'ai peur de toi Ardéco, si je t'aime trop tu vas mourir aussi. J'ai peur de toi Suldy, si je pense trop à toi je vais te rejoindre, et je veux pas moi. non non je veux pas. Il y a plein de chevaux, pleins, pleins, pleins de gens aussi, ici il y a en pleins, je veux plus être triste, j'ai assez pleurer, tu es bien là où tu es, tu es heureux. Hein Suldy ?*

C'était à présent la gorge serrée à son maximum que Kacey faisait tourner Ardéco.

_Je t'aime quand même Suldy. Mais j'ai le droit d'aimer ailleurs, j'ai le droit !

Elle avait hurlé ses derniers mots et la chambrière avait claquée si fort que si l'air eu été solide elle l'aurait fendu telle la lame d'un sabre. Mais voilà que la jument baisse la tête, les oreilles pointées vers Kacey. Surprise la jeune fille cligne des yeux. *Depuis combien de temps galopons nous toutes les deux ? tu n'en a pas marre ? Moi si, arrêtons* La jeune fille observa la jument, l'encolure tordu, la tête au plus près du sol, elle marchait désormais le plus lentement qu'il lui eu été possible, elle semblait mâcher ce fameux cheming gum imaginaire. *Tu vois je mange près de toi, je ne suis pas ton ennemi puisque je mange, ne sois pas mon ennemi, ne m'attaque plus, je veux être ton ami maintenant*. La jeune Jaylon tremblait du menton, les mains battant frénétiquement sous l'émotion. Sous ses yeux c'étaient des images de Suldy qui se succédaient à celles d'Ardéco. Kacey lâcha alors la chambrière, abaissa fortement les épaules, baissa la tête et se retourna. Dans sa poitrine son coeur baittait à tout rompre, semblant vouloir sortir. Elle aurait dû sentir quelque chose, mai sKacey ne sentait alors que le sol sous ses pieds et ses jambes menaçant de le rejoindre. Derrière elle pourtant, elle ne pouvait le voir, Ardéco avait relevé les yeux et s'était arrêtée, observant l'humaine de loin. Que pouvait elle bien penser ? Elle avança un antérieur, puis l'autre, un postérieur, puis l'autre, lentement, les oreilles s'agitant dans les sens. Arrivée près de la jeune femme, Ardéco releva la tête, lentement, très lentement, l'encolure bombée, les muscles apparant, prête à s'enfuir si celle de devant menaçait encore. Kacey sentit peu à peu sur son épaule un souffle chaud, humide et une respiration saccédée. Lorsque le bout du nez de la jument toucha l'épaule de la femme, des larmes coulèrent, grosses, lourdes. A qui appartenaient elles ? A l'une ou à l'autre ? Elles semblaient laver bien des maux, les doutes, les peurs, les incomprehension de l'instant d'avant, les sillons que d'autres larmes avaient tracées. Réparatrices, novatrices. Lentement Kacey releva la main, la jument sursauta mais ne bougea pas, reposa son nez et attendit, les oreilles fébrilles, inquiète de la suite. Mlle Jaylon caressa lentement le chanfrein qui se collait à son épaule. Sans se retrourner elle avança. Dernier test. Derrière elle, mais elle ne l'entendait pas à cause du bruit de son propre coeur, Ardéco la suivait, pas à pas. Mouvement à gauche pour mouvement à gauche, mouvement à droite pour mouvement à droite. Kacey se retourna alors et fis face à la jument, les yeux dans les yeux. Ce n'était plus alors la cavalière et le cheval mais l'être vivant qui ne sait pas parler avec des mots et l'être vivant qui essaye de parler avec des gestes. De lourdes larmes de bonheur, de soulagement, d elibération, que sais-je encore, innondaient encore le visage de Kacey mais un sourire éclatant avait éclairé son visage. Elle approcha délicatement, comme on approche pour ne pas faire de bruit. Levant la main lentement, c'est la jument qui collait son nez dans cette paume ouverte, léchant les larmes qui venaient d'être essuyées.

_Je...

Les mots ne servait plus à rien, elles venaient de s'inventer un langage, un monde, un refuge. Kacey enfoui juste son visage dans la masse de crin, gratouillant du bout des doigts l'encolure de celle qui avait la tête tournée vers elle. Si elle avait pû sourir, sûr qu'Ardéco aurait souris.

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