Un nouveau départ ... [Maxime]

Gwenn se frotta les yeux, essayant de maintenir son attention éveillée, tandis qu'elle remplissait la tonne de papier nécessaires à la validation de son intégration à TH. D'habitude, la brune était plutôt efficace, mais là, rien n'y faisait, ses paupières se fermaient toutes seules, et elle devait faire un effort de concentration intense pour comprendre les questions pourtant simples auxquelles elle devait répondre. Vous me direz que le "jetlag", comme on dit, entre la Bretagne et Londres n'est pas si important que ça ... Je vous l'accorde, mais avez-vous déjà pris l'avion, passé toute la durée du vol à retenir vos larmes parce que vous laissez toutes votre famille et vos amis de l'autre côté de la manche, avant de poireauter trois heures debout dans l'aéroport pour récupérer vos bagages et faire contrôler tous vos papiers ? Je vous assure que rien que ça, ça vous file un sacré coup de pompe. Et si en plus vous aviez dormi dans un hôtel miteux, et que la jeunesse londonienne, franchement éméchée, vous aviez réveillée tous les trois quarts d'heures en déambulant bruyamment dans la rue, vous auriez autant de mal que notre jolie bretonne à vous montrer efficace dès le petit matin !

En essayant vainement de sourire (même ses lèvres semblaient refuser de fournir encore le moindre effort ><), elle rendit la liasse de feuilles au réceptionniste qui avait attendu patiemment derrière son comptoir.
-Très bien, mademoiselle Delatour ! Vous pouvez monter vos bagages chambre 13, nous nous occupons de payer votre taxi ...
Attendez-moi un instant, je vais chercher votre clé, au cas-où votre colocataire ne serait pas dans la pièce.
C'est une Américaine, ajouta-t-il devant l'air interrogateur de son interlocutrice. Puis il disparut derrière une porte située un peu en retrait, à la recherche du trousseau de clé.

Gwenn se retourna, observant la grande pièce claire. Le soleil du petit matin s'infiltrait timidement à travers la pièce, jouant dans les mèches blondes de la chevelure de la cavalière, et réchauffant doucement son visage. La brunette ferma les yeux, savourant cet instant. Il lui fallait encore s'installer dans la chambre, aller voir sa monture, qu'elle avait choisi avant de venir mais qu'elle n'avait encore jamais vu en vrai, aller faire ses achats, car elle n'avait pas pu emmener toute sa sellerie de Bretagne jusqu'ici, et surtout, surtout, faire la connaissance des autres cavaliers de Training Helps ... bref, ce n'était pas cet après-midi qu'elle aurait le temps de faire une sieste ! ^^
Des éclats de voix en provenance de la cour la firent sursauter, elle observa les deux jeunes gens qui partaient vers les écuries d'un pas actif, en se racontant, semblait-il une anecdote pour le moins hilarante et qui ne manquait pas de les faire rire comme des baleines ! En arrivant ce matin, Gwenn avait bien reconnu, parmi les cavaliers déjà affairés auprès de leur monture, quelques visages déjà croisés sur des terrains de concours. Mais voilà, ici elle était la petite nouvelle, et il faudrait tout reprendre à zéro : créer des liens, apprendre à connaitre les bâtiments comme sa poche, savoir différencier tous les équidés du domaine d'un simple coup d'œil ... en un mot : s'intégrer !
La fatigue de la jeune femme, si elle avait eu raison de ses capacités de concentration, ne pouvait cependant diminuer en elle l'excitation et l'angoisse que créait cet état de fait : il fallait que Training Helps devienne sa maison, comme l'avait été avant le centre de Vincent, puis les écuries de M.Bennies.
La jolie brune soupira, enroulant machinalement une mèche de cheveux autour de son doigt, avant de la replacer, d'un joli mouvement du poignet, derrière son oreille.
Elle avait beau essayer de ne pas se focaliser sur ces idées pas très rassurantes, s'ordonnant d'attendre de voir comment les choses allaient se passer, elle n'arrivait pas à penser à autre chose.
C'était comme un défi : serait-elle à la hauteur ? avait-elle eu raison de quitter des installations qu'elle connaissait si bien, et de chevaux prometteur ? Et en même temps, elle avait pleinement conscience de l'occasion inespérée que représentait une place à TH, et avait du mal à se retenir de filer dans les écuries pour commencer à progresser pas plus tard que tout de suite !

Mais, le réceptionniste ne revenant toujours pas [il était perdu ou quoi ? xD], Gwenn reporta son regard sur l'autre personne qui se trouvait dans la pièce. Il [c'était manifestement un garçon] se tenait de dos, penché sur quelque chose que la petite bretonne ne parvenait pas à discerner de sa place. En tout cas, peut-être pourrait-il lui indiquer où se trouvait la machine à café la plus proche, car la jolie brune avait de plus en plus de mal à se contenter de ses quelques courtes heure de sommeil !

[Heu, répondre dans la soirée à un post de l'après-midi n'est pas franchement ce que j'appelle avoir du retard, m'enfin ...
Sinon, j'adore l'anecdote du portable dans le noir, j'imagine très bien !! =) ]

Alors que Gwenn avait toujours les yeux fixé sur le mec, celui-ci se retourna sans prévenir et croisa son regard ... La brunette détourna son regard, un peu gênée d'avoir été ainsi surprise, d'autant qu'on ne cessait de lui répéter depuis sa plus tendre enfance que fixer les gens était malpoli. Cependant, le garçon n'avait pas l'air de lui en vouloir. Lui jetant un nouveau coup d'oeil, à la dérobée cette fois (ben oui, on ne fait pas deux fois de suite la même erreur ^^), notre jolie brune regretta un instant son teint fatiguée, ses yeux cernés, et son plus-vieux-plus-moche jean, son porte-bonheur en quelque sorte, mais qui n'était plus du tout de la toute première jeunesse, et qu'elle portait depuis son départ, ce qui n'arrangeait pas la propreté et la mise en pli dudit jean. Néanmoins, la p'tite bretonne ne put passer en revue toutes les petites choses auxquelles on ne fait pas attention quand on est pressé (et qu'on a la tête dans le ... postérieur ) et qui prennent soudain une importance démesurée quand vous vous retrouvez face à face avec un beau goss'. En effet, ce dernier venait de prendre la parole d'une voix chaude, sensuelle, virile *oh, t'as finis là ? ressaisis-toi immédiatement ma vieille !!*. Bon, donc il venait de parler, s'adressant apparemment au réceptionniste qui refusait toujours de réapparaître. Cependant à l'appel du jeune homme [tout est relatif bis] il sortit enfin de sa cachette, visiblement soulagé de pouvoir s'occuper d'autre chose.

Mi-figue, mi-raisin, notre nouvelle arrivée se tourna vers le garçon (sa tête lui disait quelque chose, mais elle ne parvenait plus à savoir quoi ...), avec une moue embarrassée :
-Heu, c'est moi qui le fait fuir, où il est comme ça avec toutes les recrues qui viennent d'arriver ?
Puis, avec un sourire amusé, elle reprit :
-Ou alors, tu viens de me piquer mon réceptionniste, et je n'ai plus qu'à me débrouiller pour trouver ma clef ! Merci pour l'accueil
Le tutoiement était venu naturellement, mais au même instant, notre jolie bretonne se rappela qui était le garçon. Difficile, en effet, d'être passé à côté, tant il avait fait la une de la presse équestre ces derniers mois : Maxime Andersen, la nouvelle star du dressage. C'était trop tard pour revenir au tutoiement, mais Gwenn aurait pu quand même avoir une idée plus brillante que celle qui consistait à se comporter avec une star du dressage comme s'ils étaient copains comme cul et chemise ! xD

S'efforçant de ne pas paraître troublée par cette soudaine révélation qui venait d'avoir lieu dans son esprit, mais évitant tout de même de plonger son regard dans les yeux du brun, elle se présenta :
-Gwenn Delatour, je viens juste d'arriver de France, après quelques heures de "sommeil", si on peut appeler ça comme ça, dans un hôtel ...
Elle avait dit ça comme ça, espérant vaguement que ça pouvait excuser le manque de fraîcheur de son apparence.
Elle gardait quand même son charmant sourire, et ses yeux pétillaient tandis qu'elle continuait :
-J'imagine que ça ne te dérange pas si je te dit que, pour ma part, je te connais déjà ... (tant qu'à le tutoyer, autant y aller à fond !)
Maxime Andersen, c'est bien ça ?

C'était un peu troublant, de se retrouver face à face avec la star dont les journaux spécialisés avaient affichés avec moult détails et trémolos la tragique histoire. Imaginez, vous avez l'impression de connaitre une grande partie de la vie de quelqu'un, avec des détails qui normalement, ne sont pas racontés dans la première conversation, et vous êtes soudain face à face, avec ce sentiment bizarre de tout savoir de la personne en face, et que paradoxalement, c'est un parfait inconnu.
Mais pour le moment, l'inconnu-star semblait tout ce qu'il y avait de plus agréable, ouvert et possédant un bon sens de l'humour. Deux qualités que Gwenn appréciait beaucoup, surtout dans le milieu cavalier, qu'elle trouvait parfois un peu trop, hum disons, conformiste et prétentieux. C'était chacun pour soit, et regarde, mon cheval est plus beau que le tient, ma selle est mieux, ma bombe est plus classe, et il est hors de question que je t'adresse la parole, même si c'est pour te remercier de m'avoir rendu un service ...
Pour la bretonne, ce qui était surtout important, c'était les capacités du cheval, et le talent du cavalier. Fût un temps, elle avait pris un malin plaisir à débarquer sur les terrains avec des chevaux tout poilus, et son vieux matos, propre mais pas reluisant et brillant de milles feux, damant néanmoins le pions à tous ses cavaliers d'apparat qui, finalement, n'avait rien sous la chaussette.
avec ses copains d'écuries, c'était à celui qui aurait la meilleur blague, qu'on se lançait tout haut dans le paddock de détente, sans se soucier des regards courroucés des autres cavaliers, qui, dixit un grand nombre d'entre eux "voulaient pouvoir détendre dans le calme". Ils ne semblaient pas comprendre que rire permettait aussi de prendre du recul, de se détendre, et donc de mieux monter, plus en souplesse et à l'écoute du cheval, ce qui encourageait ce dernier à se montrer performant. Mais enfin, nous ne sommes pas là pour disserter sur l'ambiance de compétition, ni même sur le passé équestre de la jolie brune, mais plutôt sur la suite de sa rencontre avec le brillant (et drôle ^^) M.Andersen. Revenons donc à nos moutons ; justement, la brunette vient de prendre la parole !

-Un bizutage ? Et bien, les mœurs sont rudes par ici, dis-moi !
Cependant, je ne suis pas sûre de te pardonner si jamais tu m'obliges à finir ma boîte de Lexomil d'ici les trois prochains jours !
Et de nouveau ce joli sourire, et cet éclair de malice dans les yeux ... rien que ça arrivait à faire (momentanément) oublier le reste de l'apparence un peu négligée de notre cavalière ... et laissait présager un charme bien réel pour quand elle serait enfin dans une tenue digne de ce nom, et un peu plus reposée ! ^^
Tout en parlant, elle avait suivi Maxime vers une armoire, qui n'avait l'air de rien comme ça, mais à l'intérieur de laquelle, ô joie, ô miracle, se trouvait les fameuses clés de chambres (en nombre fourni, il faut bien le dire) qui avaient posé tant de problème au dénommé Henry ... même si Gwenn ne voyait pas bien ce qu'il y avait eu de si insurmontable pour lui à aller ouvrir cette armoire, mais bon x).

Elle accepta la clé que le jeune homme lui tendait, avant de répondre du tac au tac :
-Oui, mais je suis bien sûr que dans aucun des papiers que j'ai reçu -et que j'ai lu avec attention, soit dit en passant- il n'était précisé que le nouveau venu devait se diriger vers l'armoire de la salle de réception, donc la clef était toujours sur la porte, afin d'y dénicher la clé correspondant à son numéro de chambre !
Je plaide donc non-coupable.
Elle laissa échapper un léger rire, plutôt aérien, ce genre de rire qui ne vous attaque pas les oreilles avec des gloussements suraigües. Enfin n'allait pas croire que la jolie brune faisait partie de ses gens dont le rire semble avoir perdu toute sa spontanéité, tellement il est parfait, cristallin. Elle avait maintes et maintes fois perdu toute élégance au cours de fous rires qui se terminaient généralement par un mal de bide incroyable, mais qu'on ne raterait pour rien au monde. Simplement, elle avait réussi à se débarrasser des gloussements adolescents, et essentiellement féminin (allez savoir pourquoi, comme si on n'avait pas déjà suffisamment de problèmes à la puberté >< !), au profit de cet éclat de rire limpide, et bien plus joli.
-Je remarque par ailleurs que le bizutage est raté, parce que finalement j'ai gagné à l'échange de réceptionniste. quand tu en auras marre de chevaux, tu pourras toujours te reconvertir là-dedans, tu es parfait !

Gwenn, comme vous l'avez remarqué, n'avait rien contre un peu de foutage de gueule, tant que ça n'était pas méchant. Bien réussi, ça vous mettait tout le monde à l'aise, à la conversation devenait beaucoup plus facile ! Cependant, elle savait généralement sentir où se trouvait la limite à ne pas dépasser pour ne pas froisser l'autre, et redevenait donc sérieuse sans problème.

-Oui, en mai, je m'en rappelle aussi ... Une de mes rares sorties en dressage ! On en programme toujours une ou deux en début de saison, ainsi que quelques hunter, c'est très formateur pour les chevaux, et après ils sont top en complet ou en CSO !
Et maintenant, puis-je demander à mon réceptionniste préféré ce qu'il convient de faire, en bon bizu, une fois qu'on a réussi l'épreuve de la clé ?

[Hum, ton message à disparu ...
C'est à cause du bug, où bien de ta propre volonté ?
Dis-moi si je peux poster, car je me rappelle grosso modo ce que tu avais écris, donc ça ne me pose pas de problème pour répondre sans que tu ais besoin de réécrire ton message ]

[ Oui c'est le bug <.< J'avoue que si tu te souviens un peu je veux bien que tu enchaines, parce que je ne sais pas trop quand je pourrai réécrire mon message = S ]

-Un compliment, c'est toujours bon à prendre, même si celui-là n'est pas très agréable. Qui sait, j'aurais peut-être mieux à l'usure ...
Gwenn se demanda un instant si lui aussi rigolait, où s'il était un peu vexé par sa réflexion. Mais bon, après tout, elle avait vraiment dit ça en rigolant, sans-arrières pensées cherchant à le blesser. De toute façon, pourquoi aurait-elle fait-ça ? Elle ne le connaissait pas encore suffisamment pour déjà lui en vouloir
Elle décida donc de continuer à rigoler :
-Hum, tu veux dire que tu auras des possibilités de promotions pour devenir chef-réceptionniste, ou qu'avec le temps, quand je te connaitrais un peu mieux, mes compliments seront plus sympa ?
Remarque, tu as de grandes chances d'avoir raison dans les deux cas !

Elle eut un sourire et se passa une main dans les cheveux, replaçant en arrière les mèches blondes qui lui tombaient sur les yeux.
Dieu, qu'elle était fatiguée ... la journée serait décidément très longue. Soudain, elle se rappela qu'elle avait emporté avec elle, dans une de ses valises, quelques dosettes de café. Cette pensée la rassura, dès qu'elle aurait un moment, elle pourrait fournir à son organisme une petite dose de caféine qui le remotiverait !
En attendant, elle était ravie de cette rencontre imprévue avec l'une des grandes stars du monde équestre du moment, alors autant en profiter : elle n'était pas fatiguée au point de préférer une tasse de café noir à l'étoile montante du dressage, surtout quand cette étoile avait l'apparence d'un garçon plutôt sympa, et, ce qui ne gâche rien, carrément mignon ! ^^
Cependant, cette pensée n'était pas aussi agréable à notre jolie bretonne qu'elle aurait dû. En effet, penser ainsi à un garçon ne manquait pas de réveiller la blessure, encore récente et très douloureuse, de la brunette. Et, comble de l'ironie, son ancien copain s'appelait Maxime aussi. Difficile, donc, de ne pas repenser à ces années de pur bonheur qu'ils avaient passé tout les deux ... la jolie brune arriverait-elle jamais à aimer un autre garçon ? Surement un jour, mais pour l'instant, c'était hors de question : l'amour faisait bien trop souffrir !

Gwenn essaya de se secouer pour chasser ces pensées. Ils étaient loin l'un de l'autre maintenant, et ça ne servait à rien de ressasser cette histoire sans cesse!
Bref, savez-vous de quoi parlent, le plus souvent, deux cavaliers qui se rencontrent ? Et oui, vous avez deviné, de leurs chevaux ! Et la jeune Delatour ne comptait pas manquer à la tradition :
-Et alors, depuis mai ? Tu es beaucoup sorti ?
J'ai entendu dire que tu avais une jeune au travail en ce moment ...